J’avais l’impression de m’être mise dans un pétrin monumental en acceptant d’exercer le métier de photographe. Franchement, de nos jours, qui souhaitait étaler son bonheur au grand jour ? Personne. La plupart des individus qui déambulaient dans les rues étaient préoccupés par leur situation misérable. Ils s’adonnaient à toutes sortes d’activités délictueuses dans l’espoir de pouvoir manger leur pain. Ou alors, ils préféraient combattre leurs propres démons, ou se laisser envahir par les ténèbres. Je ne pouvais pas leur reprocher de ne pas faire partie de ma clientèle. A l’arrivée, j’étais comme eux. J’avais eu tort d’essayer de me stabiliser. Ma véritable nature me rattrapait toujours. La preuve. Je m’étais aventurée dans ce quartier résidentiel avec des mauvaises intentions dans le crâne. Certes, j’avais un loyer à payer, mais j’étais bien contente de m’embarquer dans des plans foireux. La petite maison dans la prairie, ce n’était pas pour moi. Je n’avais jamais rêvé d’acheter une maison qui avait une barrière blanche et des fenêtres de couleur rose bonbon. Comme une harpie, j’avais espionné les résidents pendant une bonne semaine. Je savais à quelle heure ils partaient au boulot, à quelle heure ils rentraient. La tâche fut donc aisée. Je cassai une fenêtre avec mon coude et me faufilai à l’intérieur. Contre toute attente, je me rendis compte qu’une autre femme à l’allure sauvage avait eu la même idée. La colère sortit de mes veines. Elle était en train de prendre des bijoux qui étaient censés m’appartenir. Je la fusillai du regard.
« Pour qui tu te prends ? Je tiens quand même à t’avertir que tu es en train de pénétrer sur mon territoire ! Tire-toi ! ».